Divers - au fil des ans
A picorer comme ça vous chante

 

Eric Dejaeger « Dans la vie à coups de pioche »


3 VOITURES ?
En 20 ans, j'ai lu une bagnole, j'ai bu une bagnole et j'ai fumé une bagnole. J'en aurais fait quoi, de ces trois bagnoles en plus de la mienne ?

CONTRE-CULTURE & SURRÉALISME BELGE Richard Brautigan et René Magritte se sont-ils rencontrés là-bas ? Dans ce cas, on devrait trouver quelque part des tableaux montrant une pastèque en sucre de sombrero, un désert s’engouffrant dans une truite, des trophées babyloniens sur une piste de bowling et un avortement sauvé par la mémoire du vent.

64 pages au format 10 x 21, dessins de Fabrice Fossé, 6.00 €

 

 

Paul Bergèse « Mots d’arbres »

Sous le regard intrigué
d'un vieux sorbier,
au pied du pied
d'un robinier chatouilleux,
les rejetons
d'une charmille
inquiète
jouent avec ceux
d'un coudrier.
-Attention, prévient
la maman soucieuse,
ne vous éloignez pas,
vous savez que le houx
rôde souvent par-là.

50 pages au format 10 x 21, dessins de Titi Bergèse, 6.00 €


 

Alain Sagault

Appendice à la première édition du DICTIONNAIRE D’UN HOMME MOYEN

QUEUE (se mordre la)
J'adore la façon dont les civilisés que nous sommes fonctionnent. L'employé cotise aux fonds de pension pour avoir une retraite. Les fonds de pension, afin de pouvoir la lui payer, spéculent sur son entreprise et la forcent à dégraisser, si bien que c'est pour pouvoir lui payer sa retraite qu'on le licencie ! – ce qui fait qu'il ne pourra pas la compléter, et que même si les fonds qu'il a placés lui sont restitués, ce qui est loin d'être acquis, ça ne suffira sans doute même pas à lui assurer une retraite décente... Ainsi le libéralisme consiste à mettre en place des systèmes qui sont supposés libérer le salarié-consommateur de ses soucis mais qui finalement se retournent contre lui pour mieux l'écraser. Le développement des services, par exemple, et notamment des services au consommateur, ce roi fainéant : on lui rend de plus en plus de services, au consommateur (et pas toujours gratuits, tant s’en faut), services dont il n'a pas non plus toujours réellement besoin – loin de là ! Ai-je vraiment besoin d'être livré en 24 heures, garanti 10 ans, et régulièrement sondé ? Ai-je besoin qu'on fasse tout à ma place, d'être assuré contre tout imprévu, ai-je besoin que tout le monde prétende être à mon service ? Heureux consommateur que vous êtes, vous crachez dans la soupe ! me direz-vous. Heureux ? Voire. Il y en a tant à rendre, de ces bons offices, que notre heureux consommateur, pour pouvoir consommer, devient à son tour inévitablement prestataire de services ! Et le voilà à genoux devant d'autres consommateurs non moins exigeants que lui, et qui comme lui ont d'autant plus envie d'être servis à pieds baisés qu'ils viennent de baiser la poussière des vôtres et ne cessent de se prosterner devant d'autres consommateurs qui à leur tour... Courbettes japonaises sans fin, mômeries débiles qui sont à la vraie politesse et au respect réciproque ce que le masque est au visage. Le vertige vous prend devant tant de services serviles rendus en cascade, devant cette société d'esclaves-rois où les rapports humains se réduisent aux seuls rapports de fric et de pouvoir et où le sourire n'est plus que valeur ajoutée : à vouloir être servis ou à accepter de l'être sans nécessité, les consommateurs d'aujourd'hui deviennent leurs propres esclaves. Nous voici donc tous complètement speedés et stressés (deux mots atroces dont l'emprunt à ce que le caractère anglo-saxon a de moins humain ne doit rien au hasard !) pour mieux servir un consommateur qui n'a même plus le temps ni le goût de profiter réellement des services qu'on lui rend – et qu'il paye donc au prix le plus fort, puisque rien n'est plus coûteux que ce qui ne sert à rien ! En fin de compte, le développement des services, c'est aussi le développement des sévices, tout comme les fonds de pension des salariés servent essentiellement à en faire des chômeurs.


Ceci n'est pas publié chez Gros Textes mais on peut se procurer ici de l'ami Sagault,
Chronironiques, (chroniques)124 pages au format 10 x 21, 8.00 €

Si peu de choses, (poèmes), 90 pages au format 10 x 21, 6.00 €
Quelques nouvelles d'à côté, (nouvelles), 80 pages au format 10 x 21, 6.00 €
A hue et à dia, (échange épistolaire avec Jean Klépal), 100 pages au format 14 x 21, 10.00 €

 

Jean-Noël Guéno « L’étoile pour la faim »

Alors, les poètes avaient de la gueule,
humaient la vie, l’espoir et la colère.

Xavier Grall ouvrait grand, à André Laude,
Botzulan, royaume des vents hurleurs.

Duo d’enragés, étrangers au jeu social,
pour bonheur plus vif que landes et sang d’ajoncs.

Mais les chiennes de douleur ne lâchent pas leurs crocs
de ceux qui hantent les chemins de traverse.

Xavier se perdit dans la neige,
à l’orée du long hiver des généraux.

André prolongea son passage sur la lande,
puis nous quitta, le corps brûlé par les mots qui dévorent.

Pourtant, hirsutes, éructant d’amour, pour nous,
au vent, ils marchent encore, indomptés,
rebelles au frein sur le mors.

6,00 €

 

Evelyne Dumont extrait de « Lettre du désert à un taulard »

T’a-t-on donné de quoi écrire?
Pour écarter les murs sombres qui te cernent, leur donner des yeux, des oreilles, un cœur qui te reflètent et se fassent l’écho de toi-même.
T’a-t-on donné de quoi écrire? Des feuilles émiettées, un cahier d’écolier, du papier-toilette, des crayons.
On peut tracer avec ses ongles des graffitis sur les murs, un palmier ou un visage d’enfant, une croix du sud ou un bateau en partance. Mais écrire sa propre histoire, te le permettent-ils ? Trop long pour le ciment griffé d’une cellule. Rien ne remplace le papier. Tes yeux se portent sur les murs, sur la porte verrouillée, le pot de chambre, le sommier, la chaise et la tablette où tu poses l’assiette de soupe au lard qu’on emplit par le judas. Judas le traître, celui à qui on fait baisser la tête, courber l’échine.
Tu ne peux regarder plus loin. Tout ce qui est au-delà se trouve au-dedans de toi. Alors tu te penches à l’intérieur de toi. Matmata : murs, maisons closes sur leurs jardins intérieurs, creusées dans les falaises. Espaces coupés de lignes. Barreaux, grillages en torsades, fils électriques, palissades, antennes, fers forgés, tiges de béton armé des constructions inachevées comme des flèches lancées vers le ciel, poteaux, pylônes. Espaces zébrés, coupés. Tijma: murs blancs qui ferment des enclos appuyés contre la roche. Motifs peints poissons, dromadaires, palmiers, main de la chance - en bleu sur les porches.
Le papier sert à écarter les murs. Il y a toujours des lignes qui barricadent la vie. Ce sont rarement celles de l’horizon…

6 €

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